l'univers miroir des symboles

Par la grâce d'un Art, ayant retrouvé un regard authentique, nous pouvons contempler la nature et pénétrer ses mystères. Cette méditation enrichit à nouveau, par osmose, notre pratique.

Comme l'oeuvre révèle l'artisan, la Nature reflète son Créateur. La connaissance de ses secrets guide l'homme vers les mystères de Dieu et vers son propre mystère. Ainsi la connaissance de soi et du monde donne accès au modèle dont le monde est l'image. Le cosmos créer par Dieu retourne nécessairement à Dieu, il s'ensuit que l'homme pénétrant le Jeu cosmique, épouse les desseins divins.

L'homme traditionnel saisit le rapport entre l'âme de l'univers et le rythme de son âme. A partir du champ d'investigation qu'est la nature, il découvre dans l'ordre naturel le « projet » Divin. De la sorte, tous les symboles cosmiques proviennent de cette découverte et se retrouvent partout dans le monde. Grâce à la « magie des analogues », l'homme prend conscience des rythmes, de leur périodicité, à travers l'alternance des saisons et l'alternative du jour et de la nuit. L'observation de la nature lui apprend que tout est rapport et proportion.

L'univers constitué de planètes, d'arbre, de fleur... est régi par des lois cycliques, soumises à des rythmes dans lesquels se retrouve l'homme traditionnel comme l'exprimait Don Chrysostome considérant que la nature initie ceux qui la contemple : « Si on envoyait, un grec ou un barbare dans un temple affecté aux mystères, dans un sanctuaire merveilleux de beauté et de grandeur, il éprouverait un mouvement semblable à celui perçu dans la nature. Car tout l'univers révèle Dieu : les étoiles du ciel, le sable des mers, les gouttes de pluie, les herbes des champs, les feuilles des arbres, le pelage des animaux, les écailles des poissons, le plumage des oiseaux ». Cette évidence faisait dire à Saint Bernard, qu'il a plus appris dans les bois que dans les livres tant il est vrai « qu'on peut tirer du miel des pierres et de l'huile des rochers. » (Epistola CVI, 1-2). L'homme traditionnel sensible à l'appel de l'univers comprend que le monde est un lieu de théophanies, dans le sens où il est une expression divine.

La Voie de l'Amour reste le plus court chemin menant à cette connaissance, car l'Amour permet d'en percer les secrets. Sénèque enseignait l'union religieuse avec l'univers, et Saint Augustin quand à lui décrivait l'éclat de la lumière, l'odeur des fleurs, la manne et le miel s'écriait : « qu'est-ce que j'aime, quand je vous aimes ? »
Lorsque le monachisme s'écarte en des lieux déserts, c'est non seulement pour fuir les endroits habités mais aussi pour s'unir à une nature qui sert de support à la pensée contemplative. Tout peut être appris dans l'univers, les secrets les plus cachés s'y découvrent. Le papillon, symbole de la métamorphose, est doté d'ailes captatrices d'énergie cosmique qui lui permettent de traverser des étendues en se nourrissant de lumière solaire. L'oiseau évoque également l'ange, car grâce a lui le Ciel descend tandit que la Terre s'élève avec le serpent.
Quand l'homme de méditation considère la terre, il la conçoit toujours vierge et toujours mère. Vierge parce qu'elle attend constamment la semence divine et mère parce qu'elle engendre sans fin des récoltes. La terre est soumise au ciel dont elle attend la rosée, les pluies et le soleil qui provoquent l'éclatement du germe et sa croissance.

Si la nature ordonnée par Dieu se trouve « maitrisée » par l'homme, c'est que ce dernier possède un pouvoir intermédiaire entre le Créateur et la Création : « Si tu possède le Créateur, alors tout court après toi, homme, ange, soleil, lune, air, feu, terre et ruisseau. » (Angelus Silesius). Ce n'est que dans la contemplation de la Nature que l'homme saisit le sens réel de la Lumière. Le Verbe n'est-il pas dit « Lumen de lumine » ? et l'interprétation des couleurs se rattache aux normes archaïques, que sont les six couleurs simples. La couleur symbolise une force ascensionnelle dans le jeu d'ombre et de lumière, l'ombre n'étant nullement l'envers de la lumière, mais l'indispensable complément qui permet sa mise en valeur et son épanouissement. Si l'on a pu dire que c'est dans « le sein de l'atome qu'est engendrée la lumière », c'est l'Etat « Lumière-première », « Energie-première » qui en se condensant pour constituer notre univers viable, fournit à la fois, la substructure des Eaux de la Terre, ainsi que les Luminaires, avec leur lumière visible à nos yeux. Jusqu'à la découverte du non-visible qui lui, a fourni la vraie structure de l'Invisible, l'homme ne connaissait de l'univers que ce qu'il voyait par l'étroite bande de la lumière dorée, ce cas très particulier, limité à ses possibilités rétiniennes, se situant entre le microcosme et le mégacosme.

L'Arc-en-Ciel nous montre le déploiement coloré de l'Unité et sa possible reconstitution. Bien qu'il soit une image de l'Alliance parce que toute alliance est circulaire, il nous montre par ailleurs que notre nature humaine (constitué d'eau) est pré-fabriqué pour s'unir à celle de la Cause initiale.

L'Univers est donc bien « une forêt de symboles » . Ce langage mystérieux a connue une matérialisation progressive, il en reste comme pour celui des fleurs ou des pierres précieuses des souvenirs allusifs telles l'espérance, la colère ou la fidélité... Ce symbolisme traditionnel avait pour but de mener l'adepte vers « l'Etat Lumière-Incréée ». La Tradition hébraïque le signifie par le Heith , chiffre 8, s'incarnant dans l'Amour du Créateur pour Sa créature. Pour Pythagore, le 8, Le Premier Cube, était le nombre de l'Equilibre et de la Justice.