Après un mois en immersion totale dans le monde des insuffisants respiratoire je me dis que j’ai pas trop morflé, il faut dire que je me suis faite discrète si ce n’était les quelques grigris qui pendaient à mon coup et ma mèche de travers on peut dire que j’était là bas tout a fait incognito.
Malgré tout j’ai fait des rencontres spéciales…
Il y avait tout d’abord cette dame qui mangeait juste en face de moi et dont je tairais le nom par discrétion même si l’azard (jeux de mots comme dirait le grand maître disparu) fait bien les choses , 85 ans végétalienne, mais mangeant environ 33 cachetons dans sa journée, des roses des bleus et des blancs. et puis cette autre sur ma droite , ne mangeant que du jambon blanc et racontant qu’elle avait eu un cancer du sein avec ablation de ce dernier ,ajoutant avec philosophie que le morceau d’elle qui lui avait été enlevé était allé au paradis en avant garde afin de lui réserver sa place.
Vous voyez que pour l’originalité là j’était battue à plate couture si j’ose dire.
Bref un jour au cour d’un de ces repas mémorables comme on peut en faire en milieux hospitalier qui ne l’est pas forcement lorsqu’on aime manger de la vrai nourriture , entre l’absorption difficile d’un choux fleur fané et un haricot démuni de toute source nutritive et de couleur indéfinissable l’une de ces dame m’annonce qu’elle a déjà reçu l’extrême onction et l’autre de renchérir en disant qu’elle aussi était déjà morte.
J’en suis sur le cul, les poils hérissés sur les bras et la nuque (et c’est tout oui) rien ne pouvait soupçonner que j’ai droit à de telles confidences, nous parlons donc en chuchotant de l’expérience vécue par l’une d’elle qui se souvient de tout.
La dame est catholique pratiquante, elle se souvient très bien être sortie de son corps elle me raconte l’impression à la fois terrifiante de tout quitter et la joie de ne plus souffrir et en arrive au fameux tunnel, alors son tunnel à elle et bien il est nuageux, et tourbillonnant, et elle et bien elle flotte, tout est blanc et cotonneux, elle se dirige vers un portail semblable à celui d’une église, en bois sculpté, et détail intéressant, il y a une lanterne allumée au dessus de ce dernier.
On la ramène à la vie avant que le portail ne s’ouvre et on lui raconte qu’alors qu’elle était sur le chemin de retour à la vie elle disait sans cesse :
« je suis bien , je suis bien ».
elle reste persuadée qu’au delà du portail il y a une prairie d’herbe bien verte à perte de vue et un ciel sans nuage.
la seconde personne raconte qu’elle n’est pas allé jusque là mais qu’elle s’est vue du plafond et s’est promené dans l’hôpital où elle avait fait un arrêt respiratoire.
Moi qui voulais faire un break sur mes questionnements , et bien là j’en étais pour mes frais.
On en revient toujours au même , le paradis existe t il en fonction de nos projections mentales et de l’idée qu’on se fait de lui, étant donné la personnalité de la dame au 33 cachetons j’aurais tendance à le croire , je vais donc commencer dés à présent à me l’imaginer moi ce paradis ……déjà le tunnel nuageux çà me va, le portail pourquoi pas , l’herbe verte aussi, mais juste à la droite un petit buffet avec quelques gourmandises ce serait pas mal non plus et puis un grand lit à baldaquin , ben oui mais aurais je sommeil une fois morte hein ??????
Merde encore une question sans réponse…..
Quartz